Janvier en section musique.
Pour ce début d’année, voici notre seconde page mettant en valeur les acteurs de la vie culturelle tourangelle, avec :
6 questions à….
FRANÇOIS BAZOLA
Directeur artistique de l’ensemble Consonance.

François Bazola, présentez-vous :
Après un cursus de formation très complet de musicologie, de chant et de direction (université François Rabelais et C.R.R de Tours) me conduisant notamment à l'agrégation d'éducation musicale, j'entre au CNSMD de Paris dans la classe de William Christie et y obtient un prix d'interprétation de la musique vocale baroque.
Dès lors, je collabore régulièrement avec le chef franco-américain pour de nombreux concerts, spectacles et tournées (France, Europe, Etats-Unis, Asie…), et devient son assistant musical en charge du chœur des Arts Florissants, ensemble que j'ai dirigé à plusieurs reprises.
Mes envies musicales me portent à aborder aussi bien des musiques dites « anciennes » (Moulinié, Charpentier, Rameau, Bach, Haendel…) que des répertoires plus « proches » de nous. Ainsi, j'ai participé aux productions lyriques de Rigoletto et Traviata de Verdi, de l’Aiglon d’Honegger, de Gianni Schicchi, Madame Butterfly,Tosca de Puccini à l’Opéra de Tours et plus récemment Die Zauberflöte de Mozart.
En janvier 2011, je fonde l'Ensemble Consonance avec lequel j'ai déjà donné plus 80 concerts et spectacles.
J'ai conduit de nombreuses actions pédagogiques en direction des scolaires de tous âges (primaires, collégiens, lycéens, étudiants) et encadré à plusieurs reprises à l’Académie Baroque Européenne d’Ambronay. Je collabore régulièrement avec le Cepravoi (Centre des pratiques vocales en Région Centre) et dirige plusieurs master-class au CRR de Tours et au CNSMD de Paris.
Ma discographie comprend de nombreux enregistrements (Harmonia Mundi, Erato, Ligia Digital…) tant comme chanteur que comme chef.
Membre du conseil artistique du Florilège Vocal de Tours, je suis Chevalier des Arts et Lettres.
François, pourquoi la musique baroque ?
La musique baroque (les musiques baroques devrait-on plutôt dire) représente une formidable diversité d’univers, de langages, d’affetti (sentiments). En effet, quel est le point commun entre un duo de Claudio Monteverdi sur un texte du Cantique des Cantiques et une suite instrumentale de Jean-Sébastien Bach ? Et pourtant ces oeuvres sont toutes les deux considérées à juste titre comme appartenant à la musique baroque dans son acceptation chronologique : 1600-1750.
La musique baroque est née avec la volonté de laisser libre court à l’expression des sentiments (affetti), à la virtuosité vocale et instrumentale, à l’émancipation de l’humain par rapport au divin. Autre facteur important, le langage musical en pleine évolution a trouvé dans l’essor de la Contre Réforme un terrain de développement de premier plan. En effet, à la magnificence des lieux (grandes églises baroques sans bas-côtés, où le fidèle devait se laisser séduire mais aussi convaincre (le « docere et flectere » cher aux jésuites, c’est-à-dire « enseigner et séduire »). Pas de limite donc à la mise en place d’architectures sonores, de couleurs, de timbres, de courbes musicales virevoltantes aux contrastes exacerbés.
La base même de ce langage est ce que l’on nomme la basse-continue, c’est-à-dire le soutien harmonique de toute composition et j’y trouve beaucoup de point commun avec une autre musique qui m’est très chère : le jazz.
La musique baroque incarne donc un mélange parfait de liberté, d’enthousiasme et d’inventivité voire d’improvisation.
Enfin, et peut-être la raison essentielle, la musique baroque est propre à être partagée « de l’intérieur ». J’entends par là que cet univers musical est accessible à un public de musiciens amateurs (scolaires, lycéens, adultes…) en sachant bien sûr donner les clés de son interprétation. La musique plus tardive (fin 18ème ou 19ème siècle) est une musique beaucoup plus complexe techniquement, vocalement ou instrumentalement parlant et son accès plus restreint.

Quel est votre meilleur souvenir musical ?
Ils sont très nombreux, tant chaque concert est une aventure musicale et humaine unique, souvent dans des lieux forts !
Si je devais en retenir deux, un concert des Vêpres de la Vierge de Monteverdi donné dans la cathédrale du Puy-en-Velay en ouverture du festival de la Chaise-Dieu ou encore le tout récent concert de Didon et Enée de Purcell donné sur la scène de l’opéra de Tours.
Quel est votre pire souvenir musical ?
Partant du principe que j’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même à chaque concert, que je sois en situation de chanteur ou de chef, difficile à dire mais imaginons un concert qui se serait mal déroulé pour des questions autres que musicales : mauvaise acoustique, température beaucoup trop basse dans une église mal voire pas chauffée.

Et si vous n’aviez pas été musicien ?
J’ai toujours eu un amour des langues étrangères et lorsque j’étais au lycée, le métier d’interprète (synonyme intéressant !) m’a attiré. La justice, et notamment la magistrature, m’a un temps également séduit. Finalement, après avoir passé différents concours de l’éducation nationale (Capes et Agrégation de musique), j’ai opté pour la musique vivante !
Quelle est votre actualité et celle de l’ensemble Consonance ?
J’aime souvent citer cette phrase de Marc-Antoine Charpentier (grand compositeur baroque français) : La diversité fait l’essence de la musique ! Etre à la tête d’un ensemble de musique permet d’imaginer des aventures musicales et humaines très variées.
Après une année 2019 qui nous aura vue présenter notre premier opéra baroque (Didon et Enée d’Henry Purcell) à plusieurs reprises, ainsi que la sublime Passion selon Saint-Jean de Jean-Sébastien Bach, je suis très heureux consacrer une partie de notre travail en 2020 à un projet musical mêlant musique baroque et jazz en compagnie de personnalités musicales de 1er plan issues de ces deux univers qui me sont chers.
Mais pour clore une année 2019 très dense (la plus riche en nombre de concerts depuis la création de l’ensemble en 2011 !), nous donnerons Didon et Enée une dernière fois le 15 décembre à 17h en l’église de Neuvy-le-Roi.
Enfin, étape très importante dans la vie d’un jeune ensemble comme Consonance, notre premier enregistrement Dolci Affetti consacré à la musique italienne du 17ème siècle sortira en janvier 2020. Et pour être très complet, nous enregistrerons notre second CD en juillet prochain !
Dolci Affeti : Premier enregistrement de l'Ensemble Consonance.
Distribution : Cécile Granger, Noémi Rime (sopranos), Benjamin Chénier, Anaëlle Blanc-Verdin (violons), Mathilde Vialle (basse de viole ), Diego Salamanca (archiluth), Bérengère Sardin (harpe), Sébastien Wonner (épinette), Damien Colcomb (orgue), François Bazola (direction musicale, basse)
Adopte un vinyle !
Notre mallette "Adopte un vinyle" propose une trentaine de sorties récentes en rock, électro, hip-hop et world sur vinyle empruntables pendant 4 semaines ; elle est à disposition sur les 3 médiathèques du réseau, selon le calendrier suivant :
- du 17 janvier au 29 février à la Bibliothèque centrale ;
- du 3 au 31 mars à la Médiathèque François-Mitterrand ;
- du 1er au 30 avril à la Médiathèque des Fontaines.
Les bibliothécaires des espaces Musique et cinéma restent à votre disposition pour vous aider à trouver votre bonheur ! Bonne écoute !
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