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LA montagne au cinÉma
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Des premières vues Lumière au romanesque allemand
La naissance du cinéma coïncide avec le développement de l’alpinisme et du tourisme en montagne. C’est donc naturellement qu’elle apparaît dans les premières Vues Lumière, montrant par exemple la horde de touristes dans la vallée de Chamonix ou sur les séracs de la Mer de Glace. C’est d’ailleurs l’un des opérateurs de la société des Films Lumière, Félix Mesguich (1871-1949), qui est considéré comme le premier « cinéaste de montagne ». Il réalise en 1905 un film intitulé Un drame sur les glaciers de la Blümlisalp, qui donne pour quelques années le ton des films de montagne. Celle-ci, dangereuse par essence, sera le cadre d’aventures romanesques et histoires d’amour contrariées. Aux Etats-Unis par exemple, au sortir de la première Guerre Mondiale, le tournage en décors naturels devient courant. Les cinéastes du western sont parmi les premiers à mettre en valeur leur potentiel dramatique. En effet, par la fréquentation des extrêmes (altitude, sécheresse, solitude), l’homme « vivrait » le drame de façon plus intense... En 1919 est ainsi tourné, dans les Rocheuses de Californie, La loi des montagnes (autrement connu sous le titre Maris aveugles) d’Erich von Stroheim où l’héroïsme des personnages est sublimé par la dureté et la beauté des paysages du Far-West. Mais dans ces films la montagne est utilisée comme décor, elle n’y tient pas de rôle. De même les protagonistes sont rarement des habitants des montagnes, ils y viennent par contrainte ou par hasard. Bien différente est l’approche des cinéastes allemands du mouvement dit « Bergfilm », soit littéralement « film de montagne », dont les représentants les plus connus sont Arnold Fanck, Leni Riefensthal et Luis Trenker. Eux-mêmes alpinistes chevronnés, ces cinéastes donnent à la montagne une place prépondérante, comme par exemple dans La montagne sacrée réalisé en 1924 par Arnold Fanck. Il raconte l’histoire d’une jeune nymphe, fille de l’océan, qui part vers les montagnes suite à un rêve étrange. Dans cette nature grandiose, elle rencontre deux jeunes amis qui vont se battrent l’un contre l’autre par amour pour elle, avant de se réconcilier et de renoncer à la jeune créature. Les films du Bergfilm sont emblématiques de l’idéologie commune à de nombreuses productions allemandes de l’époque destinées à l’édification de la jeunesse où, s’affrontant à la nature, l’homme doit devenir un héros. Un credo repris bien sûr par le Troisième Reich et qui habite aussi les exploits des alpinistes de l’époque. La conquête de la face nord l’Eiger en 1938 par une cordée austro-allemande est ainsi accompagnée d’un véritable fanatisme, pour montrer l’héroïsme et la valeur du peuple allemand.
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Le cinéma à la conquête des sommets
A côté de ce cinéma de fiction romanesque, les premiers cinéastes disposant de montagnes dans leur pays vont s’en emparer comme sujet de documentaire. Les italiens en particulier vont dominer le genre, réalisant des films d’ascensions sur leurs sommets alpins mais aussi dans l’Himalaya.
La conquête des plus hauts sommets passionne de toutes façons les foules et les caméras vont immortaliser ces exploits. C’est ainsi qu’en 1924 l’aventurier et réalisateur John Noel accompagne l’expédition anglaise à l’Everest qui se terminera tragiquement par la disparition des deux alpinistes George Mallory et Andrew Irvine (L’épopée de l’Everest). Mais au-delà de cette triste aventure, John Noel livre aussi des images d’une rare valeur ethnographique en filmant les Tibétains et le monastère de Rongbuk. En 1953, quand les anglais sont de nouveau à l’Everest, c’est plutôt un film scientifique que réalise George Lowe en présentant les différents progrès techniques qui ont permis le succès d’Edmund Hillary (La conquête de l’Everest).
En France, des alpinistes cinéastes commencent à se faire connaître. Grand amoureux de la montagne, Marcel Ichac (1906-1994) se précipite dans ses jeunes années pour voir les productions allemandes mais en ressort systématiquement déçu par le côté romanesque, alors que lui voudrait que le cinéma fasse aimer la montagne et ressentir les émotions des skieurs et alpinistes. Les films d’ascension existent pourtant mais sont souvent réalisés par des amateurs et diffusés presque exclusivement dans des clubs d’alpinistes. Ichac sera l’un des premiers à rendre populaires les récits en montagne, qu’il filmait avec une caméra légère. Il fera de l’Himalaya son premier terrain de tournage avec les films Karakoram (1936) et surtout le célèbre Victoire sur l’Annapurna (1950), qu’il est malheureusement difficile de revoir aujourd’hui pour des questions de droits. On pourra du coup apprécier son talent avec son autre grand succès et sa seule fiction, Les étoiles de midi (1958) disponible ici en intégralité :
Son travail au plus près du terrain inspire les cinéastes de fiction. En 1943, en pleine Occupation, se fait ainsi le tournage de l’adaptation du roman de Roger Frison-Roche, Premier de cordée, sorti deux ans plus tôt. Ce film est l’un des premiers à ouvrir au cinéma de montagne d’autres perspectives que le drame en s’attachant à reconstituer fidèlement les scènes d’alpinisme. Il est décidé de ne recourir à aucun trucage ni décor de studio et la production déploie des moyens considérables pour tourner en altitude, au cœur des montagnes.
Ce procédé va intéresser Hollywood dès la fin de la Guerre. Les cinéastes américains fréquenteront alors abondamment les décors naturels des Alpes, les montagnes de Chamonix particulièrement, qui vont accueillir de nombreuses équipes de tournage. Mais ils auront moins de complexes que les français pour finir en studio quelques scènes trop compliquées... La Neige en deuil (1956), adapté du livre d'Henri Troyat, avec Spencer Tracy, fait partie des classiques de cette époque.
Par la suite, le cinéma de fiction va finalement assez peu prendre la montagne pour unique décor, peut-être justement en raison des difficultés de tournage dans des conditions météo incertaines... Seul Werner Herzog s’y risquera au début des années 90 avec Cerro Torre, le cri de la Roche, tourné sur cette montagne considérée comme l’une des plus dures au monde. Mais Herzog est un habitué des tournages extrêmes destinés à fournir l’essence de son cinéma, rempli d’intenses émotions ressenties par des acteurs poussés à bout (revoir Aguirre, la colère de Dieu avec un Klaus Kinski plus fou que jamais !) ... Là le jeune héros est incarné par un authentique champion d’escalade, Stephan Glowacz, meilleur grimpeur qu’acteur d’ailleurs. Si le film n’est pas à ranger dans les chefs d’œuvre d’Herzog, il a le mérite de plonger le spectateur dans un vrai combat de montagnards, où la vérité de la conquête de tel ou tel sommet peut sans cesse être remise en cause. Il s’inspire d’ailleurs d’un fait divers authentique...
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La montagne, terrain d’aventures et d’exploits
Les exploits des vrais alpinistes alimentent aussi tout un cinéma d’aventure qui nécessite bien que l’on y consacre un dernier chapitre. Si Marcel Ichac, George Tairraz ou encore Alain Pol ont initié ce cinéma dans les années 30, c’est un alpiniste poète qui le rendra populaire au milieu des années 50. D’abord écrivain, Gaston Rébuffat décrit dans son livre Etoiles et tempêtes, sorti en 1954, l’ascension des six grandes faces nord des Alpes, Cervin, Eiger, Jorasses, Drus, piz Badile et Cima Grande di Lavaredo. Il en fait un film en 1955 où il refait son parcours en compagnie de Maurice Baquet, alpiniste, acteur et violoncelliste. L’exploit n’est pas le but premier de Rébuffat mais plutôt la description d’une certaine philosophie de la montagne, le réalisateur en profitant pour expliquer à son ami toutes les techniques d’alpinisme de l’époque. Le film rencontre un beau succès, jusqu’aux Etats-Unis, où Gaston Rébuffat sera appelé par Disney à collaborer sur le film Le troisième homme sur la montagne (1958) !
Mais c’est surtout l’arrivée de la télévision qui va permettre le développement d’un nouveau cinéma de montagne. Les chaines produisent en interne puis commencent à acheter des documentaires d'aventure, par exemple pour la fameuse émission Les Carnets de l'aventure sur Antenne 2, et imposent aux réalisateurs une autre façon de filmer. Cette nouvelle forme de production et d’écriture va permettre l’envol de nombreux documentaristes français tels Laurent Chevallier, Denis Ducroz, Jean Afanassief, Bernard Germain, Nicolas Philibert... L’alpinisme et surtout l’escalade se libèrent et on voit apparaitre sur les écrans des jeunes sportifs sans contraintes dans de difficiles et impressionnants solos. Le plus célèbre d’entre eux restera sans nul doute Patrick Edlinger, magnifiquement filmé en 1982 par Jean-Paul Janssens pour La vie au bout des doigts. Un film là encore introuvable en DVD mais visible ici :Après l’escalade, c’est la glisse qui devient un phénomène de cinéma spectaculaire, avec par exemple Apocalypse Snow en 1986 (également visible sur YouTube) ou le ski extrême de Jean-Marc Boivin filmé par Jean Afanassief. Puis Thierry Donard lance les Nuits de la glisse, exclusivement diffusées dans les cinémas. On y skie, on y surfe, mais pas que sur la montagne ! Tous les sports extrêmes sont aujourd’hui représentés dans ses films.
Les films documentaires ne se déroulant qu’en montagne continuent d’alimenter des festivals spécialisés tels le Festival International du Film de Montagne (FIFMA) d’Autrans, Le grand Bivouac à Albertville ou les Rencontres Ciné-montagne de Grenoble, pour ne citer que ces trois-là. Beaucoup de ces films aujourd’hui ne se contentent plus de montrer des exploits mais décrivent aussi la vie des gens de montagne ou alertent sur les conséquences du réchauffement climatique. La montagne, dernier territoire à conquérir pour les hommes du 20ème siècle, devient enfin pour ceux du 21ème un espace à protéger... Il est temps !
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