Après des études au séminaire de Tours Raymond Marcel devient, au début des années 1930, proche de Juliette Demogé-Lucas, héritière des Nouvelles Galeries, qui l’initie à la bibliophilie. Après un doctorat en philosophie, il entre au CNRS (1949) et s’y impose comme un spécialiste de la Renaissance et de l’humanisme italien. C’est dans ce cadre qu’il participe à la création du Centre d’études supérieures de la Renaissance de Tours (CESR). Financé par Mme Demogé-Lucas, il forme une importante collection de manuscrits, imprimés et objets d’art. Il organise, dès les années 1960, leur donation à la Bibliothèque et au Musée des Beaux-Arts. C’est pour faciliter cette transmission qu’est créée l’association des Amis de la Bibliothèque et du Musée. D’une remarquable qualité, la collection de Mgr Marcel a enrichi la Bibliothèque de plus de 500 incunables et imprimés du 16ème siècle qui constituent un apport inestimable pour les fonds précieux de l’institution ; il fallut aménager de nouveaux rangements dans la salle du Trésor pour accueillir cette généreuse donation.
Donateurs
Les grands donateurs
La destruction de 1940 a causé la perte de la moitié des manuscrits, de la quasi-totalité des collections imprimées de la Bibliothèque. La reconstitution des fonds s’est faite par des acquisitions, financées par la Ville mais aussi par l’État, et a reçu une aide extrêmement précieuse de la part d’une foule de donateurs privés. De nombreux Tourangeaux ont offert quelques ouvrages, parfois plusieurs dizaines pour faire renaître leur bibliothèque. De généreux mécènes, certains étrangers à la Touraine, ont de plus contribué de façon exceptionnelle, en quantité ou en qualité, à la reconstitution des collections. Aujourd’hui encore, les donateurs sont un soutien essentiel au développement des fonds patrimoniaux de la Bibliothèque de Tours. Tous ne pourraient être mentionnés, mais nous vous proposons ici d’en découvrir certains des plus importants.
Fils d’un entrepreneur de papiers-peints parisien, Paul Caron est un collectionneur acharné non seulement de livres, mais aussi d’enregistrements sonores et de jouets. Touche-à-tout, il est tour à tour catcheur amateur, programmateur des premières émissions musicales de la Radiodiffusion française (avec ses propres collections), animateur de "l’Album de la comtesse" du Canard Enchaîné et archiviste des imprimeries Firmin-Didot. Ému par le sort de la Bibliothèque Tours il a, de 1944 à sa mort, été le plus important de ses mécènes en terme de nombre de documents (il lui arrivait de livrer ses dons par semi-remorque). Outre de nombreuses pièces anciennes, il a donné quantité d’ouvrages contemporains qui ont alimenté tous les services de la Bibliothèque. Si vous fréquentez la Bibliothèque depuis longtemps, vous avez sûrement croisé son ex-libris dans des ouvrages mis à votre disposition à la section Études, à la Lecture publique, dans les collections de vinyles et même à la section Jeunesse.
Né à Iteuil, près de Ligugé, cet ecclésiastique se double d’un érudit local. Membre de la Société archéologique de Touraine, Louis Bosseboeuf est également archiviste et historiographe du diocèse de Tours. Bien connu pour ses travaux sur l’histoire de la région, il réunit une bibliothèque conséquente sur le sujet qu’il lègue à la Bibliothèque municipale, sous réserve d’usufruit en faveur de son frère François (1862-1943). C’est donc en 1944 que les quelques 600 livres, les originaux de plusieurs illustrations utilisées dans ses ouvrages et trois manuscrits contemporains, dont un de sa main, entrent dans les collections. Le délai entre le décès de l’abbé Bosseboeuf et le don effectif des ouvrages les a sauvés, puisqu’il leur a permis d’échapper à la destruction de 1940.
Le poète, bien que Parisien, est un amoureux de la Touraine. Il participe notamment aux travaux de l’École de la Loire, cercle poétique animé par Hubert-Fillay. Président de la Société des poètes (1936-1939), il accumule au cours de sa vie plus de 2000 recueils de poésie, dont beaucoup lui sont adressés en hommage. Sa bibliothèque compte également les ouvrages ayant appartenu à son père, l’industriel Henri Foulon de Vaulx, particulièrement intéressé par la Révolution française et la possible survivance de Louis XVII. André est aussi héritier, via sa mère Alice, de la bibliothèque de l’actrice Jeanne Arnould-Plessy, sociétaire de la Comédie-Française sous la monarchie de Juillet et le second Empire (un millier de volumes). André Foulon de Vaulx lègue sa bibliothèque et la collection d’art de son père au Musée des Beaux-Arts, qui donnera les livres à la Bibliothèque municipale.
Dramaturge, romancière, auteure d’études historiques, littéraires ou philosophiques, Jehanne d’Orliac acquiert en 1913 le pavillon de "la grille dorée", vestige de la splendeur passée du domaine de Chanteloup. Elle lègue à la Ville de Tours les bibliothèques qu’elle avait à Chanteloup et à Paris, qui contiennent beaucoup d’ouvrages dédicacés et d’éditions originales.
Cet instituteur, fils du garde-chasse du château de Chenonceau, a réuni au cours de sa vie une étonnante et fourmillante collection sur la chasse et la pêche : beaux ouvrages contemporains sur la nature, récits de chasse, livres techniques anciens et modernes et livres pour la jeunesse. Ce sont ses neveux, M. et Mme Giboureau, qui donneront cet ensemble à la Bibliothèque en 1988.
Précisons pour commencer qu’il ne s’agit pas de l’homme politique, mais d’un ecclésiastique, professeur au petit séminaire de Tours. Passionné par l’œuvre de l’écrivain René Boylesve (1867-1926), il soutient une thèse sur le sujet en 1961 à l’université de Tours. Membre de l’association des Amis de René Boylesve, proche de Gérard-Gailly, exécuteur testamentaire de l’auteur, et de Mme Pruvost-Mors, nièce de Boylesve, il constitue une importante collection d’écrits du romancier et compose de nombreux travaux et analyses sur l’homme et l’œuvre. Il fait don de cet ensemble, riche de plus de 700 documents, à la Bibliothèque en 1976 (association des Amis de René Boylesve : http://associationboylesve.blogspot.com/)
Né à Chinon, Eugène Pépin a eu une vie aussi longue que riche. Diplômé en droit, pilote d’avion breveté et photographe amateur, il est l’un des pionniers de l’espionnage aérien durant la Première Guerre mondiale. Après l’armistice, il suit les négociations entre belligérants dans le secrétariat de la Commission de paix. Figurant parmi les premiers experts du droit aérien, il participe à la création du bureau juridique de l'Organisation de l'aviation civile internationale, ainsi qu'aux activités de l'Institut international du droit aérien. Il a notamment donné à la Bibliothèque ses archives concernant la Première Guerre, une collection de livres anciens de droit dont plusieurs concernent la Touraine, son fonds spécialisé sur le droit aérien et aérospatial (ces fonds ne sont pas encore traités).
Professeur de sciences, Maurice Picquet exerce en Afrique pendant plusieurs années. Bibliophile, il rassemble une bibliothèque de plus de 2300 volumes concernant principalement l'Afrique, les sciences, la Touraine, mais aussi la technique de la reliure. Maurice Picquet reliera d’ailleurs 120 de ses ouvrages, dans un style sobre mais souvent élégant, les signant de ses initiales. Il lègue sa collection à la Bibliothèque en 2003.
Né à Loché-sur-Indrois et décédé centenaire à Mézières-en-Brenne, Joseph Thibault hérite d’une passion familiale pour la collection. Sa profession de clerc dans des études de commissaires-priseurs parisiens lui permet de fréquenter l’hôtel Drouot et de rassembler livres, tableaux, estampes, autographes ayant un lien avec la Touraine et le Berry. Il participe à la vie littéraire de la Brenne par ses ouvrages et les collections qu’il dirige, la "Petite bibliothèque brenouse" et "La Brenne historique et littéraire". Son testament organise le legs de ses collections à plusieurs institutions d’Indre et d’Indre-et-Loire. La Bibliothèque de Tours reçoit près de 900 livres relatifs à la Touraine, à la Brenne, au Berry, ainsi que de très nombreuses cartes-postales. (fonds en cours de traitement).
Architecte parisien, il souhaite que la bibliothèque qu’il a rassemblée sur son métier, plus de 400 ouvrages anciens et contemporains, soit versée dans des collections publiques. C’est vers la Bibliothèque de Tours que M. Gil Tchernia, son conjoint et exécuteur testamentaire, s’est tourné pour réaliser ce souhait. Les livres contemporains, certains techniques, d’autres faisant la part belle aux plus remarquables réalisations architecturales, sont disponibles à l’emprunt.
Professeur de littérature à l’université de Tours, spécialiste de la littérature pour la jeunesse et notamment du conte du Petit chaperon rouge, Jacques Chupeau souhaite que ses remarquables collections soit mises à la disposition du public tourangeau, projet soutenu avec constance par sa veuve puis ses enfants. Ceux-ci ont donné à la Bibliothèque de Tours plus de 400 documents antérieurs au 19ème siècle ainsi qu’un très bel ensemble de plus de 1100 livres pour la jeunesse et une partie de ses archives (en cours de traitement) qui ont enrichi la réserve des livres précieux et le fonds de conservation de la section Jeunesse .
Mécénat
Les Amis de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts de Tours (ABM)
Créée pour faciliter la transmission des collections de Mgr Marcel à la Ville, l’association continue à soutenir la Bibliothèque et le Musée des Beaux-Arts par la constance de son mécénat. Elle s’est donné pour objectif de se consacrer à l’acquisition et l’entretien de pièces de valeur insigne, d’attirer et de recevoir des dons d’œuvres d’art, de livres précieux et de manuscrits afin d’accroître les collections des deux établissements (site officiel : https://www.abmtours.fr/).
Les conditions du mécénat
Vous souhaitez donner des ouvrages patrimoniaux ?
De simples dons de quelques documents ou des donations plus conséquentes sont possibles dans le cadre de la loi sur le mécénat. Pour en savoir plus