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Fonds Yves Bonnefoy

Disposition

L’écrivain Yves Bonnefoy est né le 24 juin 1923 à Tours d’un père ouvrier-monteur à la compagnie des chemins de fer du P.O. et d’une mère infirmière puis institutrice.
Il obtient un baccalauréat de mathématiques et de philosophie au Lycée Descartes à Tours, qu’il poursuit par les classes préparatoires à Poitiers.
Au lendemain de la guerre il s’installe à Paris, où il fréquente pendant un temps André Breton et le milieu des surréalistes et suit les cours de Jean Wahl et de Gaston Bachelard.
En 1953, Adrienne Monnier lui demande un livre pour la collection qu’elle dirige au Mercure de France. Ce sera son premier recueil de poésie, Du Mouvement de l’Immobilité de Douve. Il publie des recueils d’essais sur l’art et de poésie, se livrant parallèlement à une importante activité de traduction des œuvres de Shakespeare.
Professeur associé aux université de Nice et d’Aix en Provence, il est élu au Collège de France pour une chaire d’études comparées de la fonction poétique (1981-1993) et reçoit le grand prix de poésie de l’Académie française.
Internationalement connu (ses écrits sont traduits dans 53 langues), Yves Bonnefoy est très souvent sollicité pour intervenir dans les universités et les grandes institutions culturelles du monde entier. Il poursuit intensément son œuvre d’écrivain jusqu’à la fin de sa vie.

Modalités de consultation

Les ouvrages du fonds courant sont librement consultables en salle Patrimoine & Touraine
La consultation des ouvrages de la Réserve se fait sur demande motivée après accord : patrimoine@bm-tours.fr
Pour la consultation des manuscrits une demande préalable doit être faite auprès de l’ayant-droit, pour tout renseignements : patrimoine@bm-tours.fr

La création du fonds

Créé en 1976 par Gérard Martin, puis développé sous la responsabilité de Françoise Ragot jusqu'en 2001 et de Michèle Prévost jusqu'en 2015, le fonds Yves Bonnefoy de la Bibliothèque municipale de Tours ne cesse depuis plus de cinquante ans d’acquérir et de mettre en valeur l’œuvre de l’auteur tourangeau.
Ce fonds d’écrivain a pour vocation de réunir tous les ouvrages rédigés par Yves Bonnefoy ainsi que ceux qui lui sont consacrés. Sa philosophie est donc de tendre à l'exhaustivité dans le domaine de l'imprimé (français et étranger) afin d’offrir une documentation la plus complète possible en un même lieu pour le spécialiste et l'amateur.
La générosité d’Yves Bonnefoy ainsi que celle de ses proches, chercheurs, artistes, éditeurs, sont un atout décisif pour l’accroissement qualitatif du fonds. Des documents précieux, ouvrages et archives, sont ainsi collectés et viennent compléter un ensemble déjà très riche. La collaboration avec Daniel Lançon, qui rédige la Bibliographie générale des œuvres et traductions d'Yves Bonnefoy, est à ce titre exemplaire : grâce à ce travail de référencement la bibliothèque est à même de suivre toutes les parutions, et en particulier les plus malaisées à repérer.

Le fonds courant

Le premier ensemble historiquement constitué, appelé communément le fonds courant, compte aujourd’hui plus de 3150 exemplaires et rassemble les éditions courantes des textes publiés par Yves Bonnefoy en monographie ou en revue ainsi que les études dont il est le sujet.
Les documents étant souvent présents en double exemplaire, il est ainsi possible de proposer un ouvrage à la consultation et à l’emprunt et un autre pour la conservation. Les travaux universitaires et les traductions forment dans cet ensemble un noyau important et sont éminemment représentatifs du rayonnement de son œuvre.
À ce jour la Bibliothèque municipale de Tours possède 87% des textes d’Yves Bonnefoy signalés dans la bibliographie rédigée par Daniel Lançon.

La Réserve Yves Bonnefoy

L'acquisition d’ouvrages de bibliophilie est un des axes prioritaires dans l’enrichissement de nos collections. Rejoignent ainsi la Réserve de l'établissement les éditions originales, les éditions numérotées, les livres conçus en dialogue avec les artistes.
La Réserve Yves Bonnefoy compte environ 260 références, autant de confirmations des relations amicales et sensibles que le poète a entretenues avec ses amis artistes tout au long de sa vie. Les premières collaborations voient naître des livres en association avec Raoul Ubac, Bram van Velde, Eduardo Chillida et Henri Cartier-Bresson qui y livrait ses premières lithographies. Plus proches de nous découvrons les dialogues d’Yves Bonnefoy avec Nasser Assar, Alexandre Hollan, George Nama, Gérard Titus-Carmel, Zao Wou-ki, Farhad Ostovani, Bertrand Dorny.

Pourquoi ces livres existent-il ? Assurément, pour de la beauté. […] Les livres d’artiste, comme l’on dit, ou livres illustrés, comme on dit encore et pas beaucoup mieux, sont d’abord des livres de l’amitié.

 

Yves Bonnefoy, Allocution au Château de Tours, 2005.

Les manuscrits

Nous conservons aussi un ensemble remarquable de manuscrits, acquis auprès de lui ou bien donnés par Yves Bonnefoy et ses ami.e.s. Ce corpus se compose de manuscrits et dactylographies parfois en plusieurs états, de brouillons, de notes préparatoires et d'épreuves corrigées. Plusieurs ensembles s’en dégagent, à commencer par les poèmes et proses poétiques dans lequel nous retrouvons, par exemple, le recueil des Planches courbes ainsi que Rue Traversière et autres récits en rêve. En 1995, la reproduction en microfilm de certaines de ses œuvres majeures nous permet aujourd’hui de disposer de copies des manuscrits de L’Arrière-Pays ou encore de Rimbaud par lui-même.

La bibliothèque de travail

Dans une lettre adressée au maire de Tours en 2015, Yves Bonnefoy émettait le souhait que sa bibliothèque de travail soit donnée à sa ville natale afin que celle-ci puisse être accessible « aux étudiants tourangeaux puisque Tours a de longue date à l’Université un centre de recherche de grande importance sur la Renaissance et un autre pour les études anglaises : deux des points forts de ma bibliothèque. Utile aux étudiants mais pas seulement à ceux-ci. L’intérêt pour les arts du passé s’est largement répandu dans le grand public, avec un goût de la recherche précise, et il y aurait là de quoi le satisfaire sur quelques points essentiels de l’histoire en Occident ».
Fin 2019 cette collection développée depuis plus de 70 ans et riche d’environ 6300 ouvrages a rejoint les réserves de la Bibliothèque centrale et est actuellement en cours de traitement.  
La bibliothèque de travail d’Yves Bonnefoy rejoindra la salle dite du Trésor en 2023, sa mise à disposition sera possible lorsque tous les ouvrages qui la compose seront informatisés.

Les expositions

Trois grandes expositions, en 1978, 1993 et 2005 ont pu présenter à Tours Yves Bonnefoy et une partie de son œuvre. La première, qui s’est tenue du 7 au 31 mars 1978, et a été réalisée en partenariat avec l’Université de Tours, s’accompagnait d’un petit catalogue intitulé sobrement Yves Bonnefoy. La seconde, portant le nom de Yves Bonnefoy : écrits sur l'art et livres avec les artistes, s'est tenue au Château de Tours en 1993. La troisième en 2005 fut une double exposition : Assentiments et partages au Musée des Beaux-arts et Poésie et peinture, 1933-2005 au Château de Tours.
Pour chacun de ces évènements où Yves Bonnefoy était présent, des textes introductifs et entretiens ont été réalisés. Il est fréquent que l’auteur y évoque son enfance et son adolescence à Tours.

Mais ce fonds est bien plus qu'un simple lieu de regroupement des textes. Ce qui le rend unique, c’est d’avoir bénéficié de la présence constante d'Yves Bonnefoy, grâce aux liens que celui-ci a tissés au fil des ans avec la ville de Tours. Le fonds est marqué de son empreinte, et sans lui, sans son immense générosité, il aurait été privé de certaines de ses pièces les plus rares.

Merci, et je pourrai m’en tenir à cette parole de gratitude, que j’ai la chance de prononcer à Tours, qui est ma ville natale. Vous n’en douterez pas, je suis d’autant plus sensible aux initiatives de la municipalité de Tours et de ses musées que c’est à Tours même que je suis né, que j’ai passé mon enfance et mon adolescence, que j’ai appris ce qu’est qu’un livre et même un tableau. Mon école primaire était avenue de Grammont. Le lycée, auquel je dois tant, ce fut le lycée Descartes, à deux pas d’ici. La lumière qui m’a donné confiance dans le langage, c’est celle qui baigne si souvent les rives de la Loire et s’attarde le soir sur le grand cèdre que vous savez, de toujours mon constant émerveillement. Tours a été le lieu de ma formation, c’est-à-dire celui de mes espérances, de mes attentes, et m’y retrouver aujourd’hui si bien accueilli, c’est me sentir justifié d’avoir existé. Je peux rêver de croire que je n’ai pas trahi ce qui me fut accordé.


Allocution au Musée des Beaux-arts in L’Amitié et la réflexion.