Les Béatitudes, FWV 53

Enregistrement capital d'une oeuvre d'une grande noblesse par un effectif nombreux et de haute tenue sur un label mythique... il semble qu'aucun superlatif ne soit suffisant pour qualifier ce disque édité vers 1962. De fait, il démontre de façon spectaculaire la science acoustique et la sûreté de goût artistique d'André Charlin, qui parvient à restituer une profondeur et un relief naturels à cet enregistrement en déterminant le meilleur emplacement d'une simple paire de micros... et par la magie du son et de son oreille, l'équilibre et la balance entre tous ces pupitres sont toujours parfaits. Il n'est pourtant pas simple d'enregistrer plusieurs solistes, des choeurs, un grand orchestre et un grand orgue de la sorte ! C'est ce qui fait que les enregistrements stéréo d'André Charlin demeurent des modèles aujourd'hui encore. L'interprétation quant à elle peut sembler parfois vieillie, mais elle constitue un témoin de choix de cette époque de l'interprétation du répertoire classique. Franck mit une dizaine d'années à achever "Les Béatitudes", oratorio basé sur le Sermont sur la montagne. L'oeuvre ne fut jouée qu'après la mort de son auteur ; elle constitue une sorte de "summa poetica" du langage de ce grand novateur et parvient à atteindre à des sommets de grandeur et de poésie malgré un livret démodé dont la construction dramatique demeure la même d'une pièce à l'autre.