Coups de coeur

"Son fils", c'est d'abord l'histoire d'Antonin Artaud (1896 -1948), poète, théoricien du théâtre, essayiste, atteint de troubles nerveux sévères. Mais à travers le récit de ses séjours en hôpital psychiatrique, des traitements qu'il subit et de ses errances, ce sont surtout les états d'âme d'une mère que dépeint avec beaucoup de justesse Justine Lévy. Une mère qui se bat, se débat pour sauver son fils : envers et contre tous (les médecins, les artistes qui entourent son fils, la société), contre sa propre volonté et contre elle-même (toute mère se reconnaîtra dans ce sentiment de culpabilité qui la hante). Une mère, enfin, qui aime démesurément ce fils qu'elle ne comprend plus. L'écriture honore puissamment le propos. A.C.

Dans un hiver glacial, au fin fond de l’Idaho, deux frères, Matty et Jack, se retrouvent seuls suite au décès de leur mère. Jack va alors tout faire pour éviter que Matty ne se retrouve dans un orphelinat. Pour cela, il se lance à la recherche de l’argent du cambriolage qui a envoyé leur père en prison. Dans leurs péripéties, les garçons rencontrent Ava, jeune fille solitaire, entourée de secrets. Elle va devoir faire face à un cruel dilemme : ne pas aider Matty et Jack ou devoir dévoiler les vraies raisons de son silence.

Cory Anderson signe un premier roman qui frappe fort, très fort. Dès les premières pages, nous sommes happés par cette histoire fraternelle, violente, dans une tempête glaciale qui nous semble interminable. La tension, tout au long du récit nous embarque jusqu’au final haletant. Une lecture que l’on n’oublie pas de sitôt. S.T.

Si comme moi vous n’avez ni l’intention ni le temps de lire les biographies de Michelle et Barack Obama (que nous possédons à la Bibliothèque), ce roman est pour vous. Très documenté, il nous fait découvrir la vie de ces deux personnalités de leur enfance jusqu’à leur rencontre. Tous deux issus de familles modestes ont dû travailler dur pour obtenir leurs prestigieux diplômes. Cette immersion dans la société américaine des années 1960 est très édifiante. Elle prouve leur ténacité et leur optimisme à vouloir réussir malgré les discriminations ambiantes. Un roman très intéressant dont les héros nous semblent encore plus familiers. C.B.

Lors d’une soirée de fête de la musique, deux adolescents Rodrigues et Aurélie passent la nuit ensemble. Rodrigues est content car cela fait des mois qu’il attendait ce moment-là. Seulement, le lendemain, Aurélie ne répond plus à ses messages. Lorsque la police fait irruption chez lui pour l’arrêter, le jeune homme ne comprend pas ce qu’on lui reproche. Et pourtant Aurélie a porté plainte pour viol… Cela lui semble impossible car il est persuadé qu’une histoire d’amour débutait entre eux. Ce récit retrace les évènements du point de vue de chacun des personnages. Magali Wiéner nous offre un roman poignant sur le consentement. Une lecture bouleversante sur un sujet d’actualité qui nous interroge. C’est un gros coup de cœur ! E.H.

Le soir de la fête de la musique, Rodrigues fait l’amour avec Aurélie. Fou amoureux, il ne comprend pas qu’elle l’accuse de viol le lendemain. A partir de là le récit se fait en trois parties. D’abord le portrait et le point de vue de Rodrigues, jeune homme à qui tout sourit : champion de natation, il est aussi bon élève et bien intégré dans son lycée. Puis vient le procès narré avec précision et enfin le témoignage d’Aurélie. Cette jeune fille s’épanouit dans son groupe de rock quand sa vie s’effondre soudain. Elle perd toute confiance en elle et doit quitter la France pour se reconstruire et ne pas sombrer dans la dépression. La psychologie des personnages est finement décrite et le roman très bien construit. Il donne les clés pour que le lecteur se fasse sa propre opinion. Un très bon livre sur le consentement. C.B.

1918, Dublin, en pleine épidémie de grippe espagnole, Julia Powers, jeune infirmière, va devoir gérer le service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Dans un hôpital privé de tout, Julia, avec l’aide de Bridie Sweeney et Kathleen Lynn, va épauler, soigner, écouter des patientes et leurs bébés dans une petite pièce.

Dans un huis clos haletant, nous suivons le parcours de ces jeunes femmes qui feront tout pour survivre et pour guérir. Cette histoire fait remonter toutes les épreuves que doivent vivre les femmes irlandaises de l’époque, les jeunes filles-mères envoyées dans les couvents, les femmes battues et les prémices de la guerre d’Indépendance irlandaise…

Emma Donogue signe après « Room » un roman fort, addictif, intense. Un roman particulier qui résonne intensément après la pandémie de Covid-19. S.T.

André Gide dit « A la montée du lait commence l’amour maternel ». Cet amour se limite-t-il à la mère biologique ou peut-il être ressenti par la personne qui prend soin de l’enfant ?

Ici nous découvrons Yu-Ling, nourrice du jeune Dada, fils unique de parents souvent absents appartenant à l’élite chinoise. Sous la pression de son amant, Yu-Ling prévoit un faux kidnapping pour demander une rançon aux parents de Dada et commencer ainsi une nouvelle vie. Mais une fois, le plan en route, la radio annonce l’arrestation du grand-père et du père de Dada. Yu-Ling se retrouve seul avec Dada.

Dans cet ouvrage, Zhang YUERAN nous livre un récit tout en délicatesse sur la Chine contemporaine et ses inégalités. Elle y dresse de manière subtile le portrait une femme invisible qui va trouver le bonheur dans l’ordinaire.

MM

Vasco, 30 ans, vivote de petits boulots au Portugal. Un soir, il retrouve son premier amour, Melissa qui va lui proposer de venir co-entraîner l’équipe des Furyos, une équipe mixte de futsal en région parisienne. Impulsif, Vasco accepte la proposition de Melissa et devient entraîneur sportif et encadrant d’adolescents, lui qui n’a aucune expérience. Le voici donc embarqué dans une aventure humaine, sportive et touchante.

Avec ce nouveau roman, Benoit Minville se sert du sport pour aborder les thèmes du vivre ensemble, de la confiance en soi, de la mixité sociale, sans clichés et avec justesse. Tous les personnages sont attachants, drôles et le lecteur suit avec plaisir les péripéties de cette équipe. Encore une fois, on referme un roman de Benoit Minville sans avoir envie de quitter les Furyos. S.T.