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Roman inspiré de faits réels, l’affaire de l’orphelinat du Haut de la Garenne. Une jeune femme, ornithologue, se rend sur l’île de Jersey pour enquêter sur le passé de son père qui a été pensionnaire dans un orphelinat en 1959 et au sein duquel les enfants subissaient de mauvais traitements. Il a totalement occulté ce drame ; seul le prénom de Lily lui reste en mémoire. Qui était-elle ? Frappée et malmenée, Lily parvient à s’évader régulièrement dans la forêt où elle écoute le chant des oiseaux, véritable source de réconfort, d’apaisement de ses maux et de sa souffrance. Le récit alterne entre présent avec la quête de la narratrice pour la vérité sur l’enfance de son père et passé, avec l'histoire de Lily et Simon qu’elle a pris sous son aile. Le contraste entre la noirceur de l’histoire et la poésie du texte, ponctué par des notes de couleurs et le chant des oiseaux est saisissant. Les faits sont relatés avec des mots doux, l’écriture est délicate, les chapitres sont courts et la lecture n’en n’est que plus plaisante.
F. W.
Un titre qui cristallise à lui seul l’unique objet de ce premier roman, très remarqué lors de la rentrée littéraire de l’automne 2021.
Au premier abord, nous pourrions aisément associer la narratrice à une certaine Bree van de Kamp de la série Desperate Housewives à la différence près qu’elle arbore une chevelure au blond très travaillé et offre l’image de la femme parfaite. Cette belle femme est parvenue à prendre l’ascenseur social en devenant professeure d’anglais et traductrice. Elle réside dans un bel appartement situé dans un quartier parisien cossu, est mère de deux jeunes et beaux enfants et surtout forme un couple idéal avec son mari. Elle est amoureuse comme au premier jour après 15 ans de vie commune. Oui mais…
au fil des pages, un hic à ce bonheur affiché se distille peu à peu : l’exclusivité obsessionnelle et maladive que l’héroïne consacre à l’homme de sa vie, quitte à s’éloigner de son entourage social, à mettre ses enfants au second plan, à ne faire travailler ses élèves que sur des traductions de romans d’amour. L’intégralité de son quotidien est en effet rythmée par le comportement de son mari, passé au crible, évalué, projeté en permanence.
L’auteur, Maud Ventura, bien connue pour son podcast Lalala dédié à l'amour et ses corollaires (rupture, désir, jalousie…) s’amuse ici avec brio à décortiquer tous les signes de la passion, de la jalousie à la dépendance, au sentiment de désamour.
En empruntant la forme d’un journal intime, et usant d’un ton féroce, incisif, avec un sens aigu de l’observation non dépourvu d’humour, l’auteur intrigue, bouscule parfois, interroge sur la psyché amoureuse. Elle happe son lecteur dès le début, le tient en haleine pour mieux lui réserver une belle surprise à la fin du récit. Brillant. SMR