Felicita

Disque énigmatique et tortueux, on le rattache par commodité à l'électro d'influence jazz mais les éléments qui ont modelé l'inspiration d'Anadol vont bien au-delà et ont trait aux musiques du monde (et notamment à la musique turque), à la pop française et à Kenny G. (on le dit car Anadol elle-même l'a déclaré). Il en résulte de longues plages aux climats soigneusement tissés à l'aide d'enregistrements de terrain, de boucles et plages synthétiques qui portent parfois leurs propres articulations (au sens où l'entendait Ligeti dans sa pièce électronique du même nom) et servent également de support aux interventions acoustiques de musiciens de jazz (splendides parties de saxophones). La musique d'Anadol ne ressemble à nulle autre et dans un genre expérimental qui pourrait volontiers lasser ou rebuter, force est de constater qu'elle parvient à trouver une formule et un équilibre qui la rendent relativement facile à suivre pour peu qu'on joue le jeu, sans pour autant diminuer sa force évocatrice et conceptuelle.