Le mensonge

Note Idées lecture BnF : En plein repas familial, une petite fille se surprend à dire un gros mensonge. Représenté par une bulle rouge, ce mensonge grossit de page en page - comme le nez de Pinocchio -, et devient gros comme un ballon, extrêmement encombrant, gênant, pesant... Impossible de s'en dépêtrer jusqu'au moment où, « sans se dégonfler », la petite fille le fait éclater, comme la vérité. Du mensonge on ne saura rien, mais le sentiment de culpabilité est ici parfaitement dépeint. De même que le questionnement de l'enfant prise à son propre piège : « Est-ce qu'après un mensonge les gens ne vous aiment plus ? Mais comment dire la vérité maintenant ? » L'air dégagé de l'enfant juste avant de mentir et la sérénité retrouvée à la dernière page semblent bien signifier que son mensonge était anodin, comme peuvent l'être de nombreuses bêtises d'enfants qui pourtant revêtent une importance considérable à leurs yeux. L'air totalement surpris des parents qui ne s'étaient rendu compte de rien à l'annonce de la vérité montre bien le décalage entre le ressenti de l'enfant et la réalité des adultes. Un album à la fois sensible et profond tant dans le texte économe que dans les illustrations aussi expressives qu'efficaces.

Note Description Couvertures : un gros plan d'une couverture de livre avec une fille de dessin animé entourée de cercles

Note Idées lecture BnF : Les adultes mentent, ils le savent, ils l'assument mais le mensonge des enfants les dérange. Comme le manquement à un contrat : bienveillance contre transparence. L'enfant, quant à lui, est aux prises avec un sentiment de culpabilité qui intériorise une condamnation morale et sociale et il est soumis au risque de voir son mensonge découvert. Le mensonge ? Les mensonges plutôt, car cette notion est complexe, multiforme et multifonction... Dans ce que présente cet album, quel est le mensonge qui tourmente cette petite fille ? Ce n'est pas dit. Rien ne permet donc mise à distance, réflexion, étude de cas, relativisation. Et pour l'enfant lecteur ainsi renvoyé à lui-même c'est une invitation large à l'examen de conscience et, pourquoi pas, à la confession. La joliesse de l'album ne le rend pas pour autant anodin. Et n'est-il pas troublant que cette tache rouge qui grandit, grandit, soit finalement à l'image de l'éreutophobie, trouble généré dans l'enfance par un insupportable sentiment d'intrusion ? Le mensonge est souvent dangereux, ambigu, il peut travestir la réalité de façon dommageable mais il est aussi pour l'enfant un espace de liberté.