Coups de cœur et sélections

Décembre 2011, Kenza, héritière d’une famille aisée marocaine, rentre à Casablanca après des années d’études supérieures à Paris. Elle retrouve Fatiha, son amie d’enfance, la fille de sa nourrice avec qui elle a grandi. Dans ce récit habilement mené, l’auteure alterne les voix et les époques pour suivre les trajectoires de l’une et de l’autre. Elle aborde avec justesse des thèmes sociétaux tels que l’avortement, le déterminisme social, la religion, la condition féminine, la double culture. On comprend pourquoi les femmes marocaines doivent ruser entre le paraître et la dissimulation, la tradition et la modernité, pour s’émanciper et exister dans cette société encore patriarcale. Je vous recommande vivement la lecture de ce roman engagé !

C. B.

Ce thriller angoissant, palpitant, ne vous laissera pas indifférent. Bill Hoffman est face à un dilemme : sa famille a été kidnappée une demi-heure avant le décollage, s'il veut la sauver il doit crasher l'avion. Quel sera son choix ? L'auteur, ex hôtesse de l'air, est issue d'une famille de "volants" et connait donc bien son sujet. Dès la première page "chute libre" est un page-tuner et pourrait facilement être adapté au cinéma. Les chapitres sont courts faisant monter la pression et le suspense très vite. Les rebondissements sont nombreux. La plume de l'auteur est fluide, sans fioriture et efficace. L'histoire sans grande originalité met pourtant l'accent sur des causes terroristes qui n'ont rien à voir avec la cible choisie. Frapper fort et en grand nombre est le meilleur moyen de se faire entendre. Quoi qu'on en dise, je vous recommande ce polar dont l'action se déroule en un huis clos étouffant, sauf si vous devez prendre l'avion. Bon vol quand même !

MH. B.

Christian Astolfi a travaillé pendant quelques années –les années 70- à l’Arsenal maritime de Toulon en tant qu’apprenti avant de bifurquer vers les métiers de l’éducation. De ses souvenirs, il compose un magnifique roman. Après un beau portrait de ses métiers, de la camaraderie, le roman se fait plus grave quand il aborde la question de la fermeture des chantiers et des copains victimes de l’amiante. Un roman servi par une écriture poétique et lucide. Un récit poignant, un hommage aux victimes. Prix du livre France Bleu Pages des libraires 2022.

A. C.

La réputation de Yuji Iwahara en tant que mangaka n’est plus à faire. Il a prouvé son talent à maintes reprises notamment avec ses deux séries phares Le roi des ronces et Dimension W (série disponible à la bibliothèque Paul Carlat) deux récits de science-fiction forts et originaux servis par un dessin remarquable. Pourtant Clevatess avait de quoi, sinon inquiéter, au moins intriguer les amateurs de son travail, les récits impliquant héros médiévaux et bêtes démoniaques sont légion, cette proposition saura-t-elle se démarquer ? Comment le trait si particulier de l’artiste va-t-il s’adapter à ce type de récit ? Aussi légitimes soient-elle, ces interrogations seront vite balayées par l’auteur. Clevatess est drôle et dur, touchant et impitoyable à la fois, Yuji Iwahara s’empare des codes de la saga de fantaisie et propose comme à son habitude, un angle inédit et un récit unique. Ici débute une série passionnante, profonde et sans aucun doute marquante pour les années à venir. C’est encore une fois brillant et surprenant.

V. B.