Coups de cœur et sélections

Russie, époque médiévale. Vassia adore écouter les contes de fées de la servante de la famille. C’est aussi une fillette sauvage, capable de voir les esprits féeriques qui hantent les maisons comme la forêt sauvage, au cœur de laquelle se situe leur ville. En grandissant, elle n’a donc aucune envie de suivre l’une des deux seules voies proposées alors aux filles : se marier ou entrer au couvent. Mais lorsque la nouvelle femme de son père, dévote, arrive avec dans ses bagages un nouveau prêtre, et que tous deux se mettent en tête de chasser les rituels païens encore présents, la donne pourrait bien changer. Car les esprits féeriques ne sont pas tous bienveillants et, dans l’ombre, le plus cruel d’entre eux pourrait bien tirer parti du déséquilibre créé… Fortement imprégné de culture russe et du folklore féerique de ce pays, L’ours et le rossignol est le premier tome d’une trilogie dont l’héroïne est Vassia. Nous la découvrons fillette et la voyons grandir. Vassia cherche sa voie mais refuse celle toute tracée. Derrière son caractère tempétueux, elle pourrait bien faire preuve de plus de sagesse que certains adultes. A travers la réinterprétation de légendes russes, Katherine Arden souligne également la place de la femme dans cette société d’alors, ainsi que la difficile cohabitation entre traditions séculaires et religion chrétienne. Un roman en forme de conte d’hiver, nourri de passionnantes réflexions et porté par une héroïne impétueuse. M.H.

Victor Caranne, psychologue en milieu carcéral, est contacté par la police suite à la découverte du corps d'une femme assassinée sur la plage proche de chez lui. Sur place, il retrouve Jonas Somb son meilleur ami et mari de la victime. C'était aussi la maîtresse de Victor. Très rapidement, la police soupçonne le mari trompé. L'histoire est complexe tout comme les personnages si bien que l'on soupçonne tout le monde jusqu'au dénouement final. Victor, très vite écarté des suspects grâce à un alibi inattendu, mène, de son côté, l'enquête. Il cherche à comprendre qui pouvait en vouloir à Julia au point de la massacrer. Max Monnehay joue sur la psychologie des personnages qui ont tous une partie d'ombre. Le suspense est maintenu jusqu'au bout par un rythme soutenu et une jolie écriture. Elle met en avant les amitiés toxiques, les zones d'ombres et leurs enjeux, la culpabilité des personnages. Un polar efficace que je recommande pour les amateurs de non gore.

MH. B.

Un premier opus post-apocalyptique dans la veine de Mad Max, Jérémiah et La Tour sombre : civilisation agonisante, hordes sauvages, véhicules customisés, mutations humaines, violence crue, et toujours un filet d'espoir qui nous tient en haleine tout le long du récit. A travers le personnage ambivalent du convoyeur, on découvre un univers fourmillant, travaillé, servi par un dessin aux traits vifs et aux noirs profonds qui participe à la tension du récit.  D.L.

Le jeune Serge Klarsfeld dont le père juif fut déporté dans les camps de la mort, rencontre à Paris une jeune fille au pair allemande, Beate Kunzel. Le couple se construit autour d’une cause militante. Toute leur vie est un combat politique fondé sur l’exploitation des archives et le témoignage des survivants. La bande dessinée commence par un geste fort de la part de Beate qui en 1968 gifle le chancelier allemand ancien dignitaire du parti nazi. L’activisme des Klarsfeld est également à l’origine des procès de Klaus Barbie et Maurice Papon. Nous suivons Beate en traque en Amérique du Sud, enceinte de son deuxième enfant et très déterminée. Les auteurs de cette bande dessinée n’omettent pas la vie précaire du couple totalement dévoué à cette cause et contraint de vivre chez la mère de Serge. Cette BD raconte un épisode de notre histoire méconnu de certains. Très beau témoignage transcrit en Bande dessinée. C.P.