Les Fonderies d'acier, op. 19#;#Concerto pour piano et orchestre No 1, op. 4

Inspiré par le machinisme et les décors industriels, Mossolov a nourri son oeuvre de ténèbres et de visions torturées. Non sans une bonne dose d'humour. Supporter de la Révolution bolchevique, Mossolov se voulait également révolutionnaire en matière d'art. Promoteur du constructivisme, il puisa son inspiration dans le machinisme et les villes avec leurs faubourgs usiniers. Comme Schönberg, il sut opérer la transmutation du laid en beau et se complut dans les ténèbres hantées de lémures et de larves de l'inconscient, ses visions dantesques relevées des stridences d'un humour décapant. Ainsi, dans les célèbres Fonderies, le vrombissement des machines et le barrissement des cuivres ponctués par un colossal marteau font surgir l'enfer d'une fabrique infernale, aussi angoissante que les Prisons de Piranèse. L'Arrivée des tracteurs suggère l'irruption de monstres lovecraftiens dans une idyllique scène aux champs. Le concerto s'ouvre sur le spectacle de goules voraces en train de se repaître de cadavres sur un champ de bataille : les accords du Sacre et les violons-hurleurs d'Erwartung interfèrent avec des relents jazzy pour scander une danse macabre à mi-chemin entre music-hall et grands cimetières sous la lune. Les Petites Annonces sont délivrées avec une hystérie glaçante. La Légende et la Sonate confirment la foncière sensualité sonore de l'auteur, réalisant une géniale synthèse de Moussorgski et de Scriabine. Ces musiques fascinent par leur étrange lyrisme. La belle qualité sonore de cette anthologie permet d'apprécier la richesse du langage de Mossolov .