Trouble vérité

Note Idées lecture BnF : Décidément, difficile de chroniquer les livres d'Emily Lockhart (Nous les menteurs) sans les spoiler ! C'est un auteur qui travaille avant tout sur la dissimulation et l'interprétation, en un jeu de chat et souris avec son lecteur. Construit à rebours, le roman commence par son avant-dernier chapitre pour remonter tout le fil de la relation entre Julietta (Jule) et Imogen. Si Jule porte toute l'architecture du récit, c'est Imogen qui en est l'objet, l'objet du désir pourrait-on dire. Plus on avance (ou recule), plus on comprend que Jule veut se fondre dans le personnage d'Imogen, la belle, la riche, l'égoïste héritière, alors que Jule se révèle de plus en plus prédatrice et de plus en plus démunie. Mais Jule possède une arme puissante : celle de la parole, parole qui séduit et manipule. Par sa mécanique de précision qui sollicite toute l'attention de son lecteur, E. Lockhart (pur produit de l'écriture créative à l'américaine qui n'est pas sans rappeler Laura Kasischke) se révèle une nouvelle fois virtuose de la construction romanesque. Comme pour Nous les menteurs, elle convoque un casting poisseux, meurtrier : ce n'est pas à ces personnages qu'il convient de s'attacher, mais à la démiurge qui en tire les ficelles avec tant d'habileté.

Note Idées lecture BnF : Construit à rebours, le roman remonte le fil de la relation entre Julietta (Jule) et Imogen. Si Jule porte le récit, c'est Imogen qui en est l'objet, le désir. Plus on avance (ou recule), plus on comprend que Jule veut se fondre dans le personnage d'Imogen, la belle et égoïste héritière, alors que Jule se révèle de plus en plus démunie et prédatrice. Comme pour Nous les menteurs, E. Lockhart convoque des personnages poisseux, meurtriers : ce n'est pas à eux qu'il convient de s'attacher, mais à la démiurge virtuose qui en tire les ficelles et mobilise intensément l'attention de son lecteur.