Coups de coeur
Membre du groupe d’Elvis Perkins qui l’a poussée à exprimer sa musique, Vera Sola est déjà auteure d’un premier album Shades (2018) particulièrement apprécié aux Etats- Unis comme en France. Vera Sola propose dans Peacemaker, toujours des chansons folk et folk-rock, typiques de l’americana qui puise tant aux racines du bluegrass que de la modernité du rock. Que les chansons soient tantôt lentes ou tantôt rythmées, les orchestrations sont toujours très soignées, même quand elles sont épurées. Vera Sola, nom de scène de Danielle Akroyd, joue de sa voix grave, éthérée, pleine d’âme, de nuances et d’histoires à comprendre ou à imaginer. Elle joue et vit sa musique intensément et cela se ressent immédiatement. Poly-instrumentiste instinctive, compositrice, productrice et poétesse, Vera Sola est solaire sans être totalement isolée : elle est accompagnée de musiciens et de producteurs brillants comme Kenneth Pattengale (The Milk Carton Kids) ou Josh Kaler qui a réalisé les arrangements des cordes. Sa musique vibrante ouvre des espaces et cache des textes subtils d’amours impossibles ou d’illusions de la vie qui sont plus proches d’éloges funèbres ou des visions funestes que des chants de joie. Vera Sola est bien plus qu’une passionaria, une muse ou encore une prêtresse, elle est une formidable artiste. E. R.
La musique est une aventure intellectuelle et spirituelle mais avant tout sensorielle. À écouter l’œuvre d’interprétation de Sylvie Carbonel, au piano seule, ou accompagnée par un orchestre de chambre ou par le nouvel orchestre Philharmonique de Radio France, on ne peut que s’incliner face à la diversité des compositeurs choisis : de Bach à Messiaen, en passant par Beethoven, Brahms, Chopin, Liszt, Schumann, Schönberg ou encore Debussy mais aussi des œuvres de compositeurs peu joués (Moussorgsky), peu connus (Charles-Valentin Alkan) ou quasiment oubliés (Emmanuel Chabrier, Jacques Desbrière). Alors certes, Sylvie Carbonel, élève de Pierre Sancan, n’est pas la plus connue, ni la mieux cotée des pianistes malgré ses prix aux concours internationaux Olivier Messiaen ou Georges Enesco. Vous jugerez vous-même la qualité du coffret d’autant que plusieurs des enregistrements ont été effectués en direct, ou encore l’élégance et l’intelligence des interprétations sur des pièces de Mozart ou de Bach. E. R.
Cet album est un ovni, il y a tous les genres parfois même dans une seule chanson ce qui le rend surprenant et déroutant. Il faut avouer que le musicien anglais avec le 4e volume de son projet Djesse est ambitieux : « C’est une ode à l’esprit humain collectif, par la voix humaine ! Plus de 100 000 voix au total ont été enregistrées, aux côtés des plus de 100 autres musiciens, avec plus de 20 langues chantées, parlées et rappées tout au long de l’album ». Variété, jazz progressif, métal, musiques du monde et rap, tout y passe ! Le virtuose anglais nous demande beaucoup de concentration mais Djesse volume 4 est un disque qui se réécoute et se redécouvre. Et quand on est pris dans son tourbillon, c’est absolument dingue comme avec le titre « Bridge over troubled Water » où sont invités John Legend et Tori Kelly. Brillant ! C. G.
En été, les franciliens sont des dizaines de milliers à se rendre sur l’île de loisirs de Cergy-Pontoise pour profiter de ses plans d’eau boisés et de ses activités aquatiques. Guillaume Brac est allé explorer ce petit paradis terrestre et y a filmé des enfants qui tentent d’y rentrer par tous les moyens, des adolescents dragueurs, des retraités évoquant le passé du lieu, des familles portugaises ou afghanes réunies autour d’un repas… Documentaire fourmillant de rencontres et de récits, L’île au trésor est aussi un film d’aventures. Guillaume Brac filme la jeunesse, son désir de vivre pleinement la promesse de liberté incarnée par l’île mais aussi de s’affranchir des limites que constituent les frontières qui la délimitent, l’entrée payante ou encore les lieux interdits d’accès, comme dans cette scène superbe où des adolescents pagaient autour d’une étrange pyramide à la tombée de la nuit. L’île au trésor est un film doux et un peu mélancolique comme un été touchant à sa fin, qui donne envie de faire le mur pour rejoindre les estivants du film sur un coin de plage ensoleillé. L. L. G.
Si vous avez aimé « Familles » de Georgette, cet ouvrage devrait vous plaire ! Il s’agit d’un album documentaire à la fois touchant, réconfortant et puissant qui aborde avec bienveillance l’ensemble des définitions liées à la famille. Une très belle approche pour toutes les célébrer, le tout accompagné d’illustrations douces et pleines de couleurs porteuses de diversité. Une véritable pépite.
C.M.
Ce documentaire, empreint de poésie, aborde le thème de la famille dans toute sa diversité. Une première approche qui donne des clés de compréhension aux premiers questionnements.
R.D.
Cork, Irlande, 2010. Le pays, touché de plein fouet par la crise économique, offre peu de perspectives… Qui plus est aux jeunes. Rachel vient de quitter papa-maman, elle a 20 ans. Malgré la morosité ambiante et la difficulté à payer ses loyers, elle veut vivre sa vie pleinement. Elle veut aimer, boire - à l’excès - mais aussi construire sa vie. Elle veut qu’on la respecte, même si elle ne se respecte pas franchement elle-même. Preuve en est cette « affaire » qui se nouera avec son professeur, le séduisant Dr Byrne. En-deçà de cette intrigue, L’affaire Rachel, parle surtout de sexe, d’interdits, d’amitié, de recherche de sens et de soi. La pulsion de vie de Rachel est jouissive. L’écriture, très juste et parfois crue, est à l’avenant.
A. C.
Quelle bonne idée a eu Philippe Collin, homme de radio, de nous raconter une partie de la vie de Franck Mayer : Le fameux barman du Ritz ! Notre héros est autrichien et a émigré aux Etats-Unis après la première guerre mondiale pour devenir un barman reconnu. De retour en Europe, il va servir ses fameux cocktails aux clients du Ritz. Pendant l’occupation derrière son comptoir, il croise et converse avec tout un microcosme : gradés allemands, artistes, clients fortunés… évoluant dans ce bar telle une scène de théâtre. Héros et salauds s’y croiseront jusqu’à la libération.
Captivant, à consommer sans modération ! A. C.
À l’occasion d’un barbecue d’anniversaire dans la banlieue de Melbourne, la gifle donnée par le maître de maison à un enfant fait dégénérer la situation et exploser le groupe d’amis et proches. Cette série s’inspire du très fin roman de Christos Tsiolkas en adaptant au format série la structure singulière du livre qui épouse à chaque nouveau chapitre le point de vue d’un personnage spécifique. Ici chaque épisode se concentre sur le regard et le ressenti d’un protagoniste particulier du drame, faisant évoluer la coloration du récit. « The Slap » analyse ainsi avec finesse et nuance les rapports humains, confrontant les choix de vie et les attitudes sans manichéisme ni parti pris ; la série dépeint également en creux toute une communauté immigrée d’origine grecque de Melbourne et ses spécificités socioculturelles. Moins connue que le livre, la série australienne est néanmoins très réussie et l’adapte sans le trahir ; elle est à privilégier au remake américain de 2015 beaucoup moins abouti mais qu’il peut être intéressant de découvrir car c’est Melissa George qui interprète le rôle de Rosie dans les deux versions. G. V.