Dans cet album Quention Zuttion poursuit son travail sur les corps et les histoires d’amours contemporaines, en explorant les amours de toute une famille. Cam, la jeune fille adolescente qui rêve de franchir le pas de sa première fois, le petit Lulu désireux d’embrasser son voisin, et leur mère sur le point d’être quittée par son mari. Tout cela dans une ambiance d'été qui s'achève, le 31 aout 1997, jour de l’annonce de la mort de la princesse Lady Di. Sur les premières pages de l’album, Lulu enfermé dans la salle de bain essaie le rouge à lèvres de sa mère, il attend son petit voisin Yoyo qui doit venir passer l'après-midi chez lui. Déjà à 8 ans il se sent en décalage par rapport aux autres, il n'aime pas les mêmes jeux que son voisin et préfère jouer à la poupée ou aux princesses. Progressivement il découvre le sentiment amoureux et se pose des questions sur sa sexualité. En parallèle, sa grande sœur, heureuse de rentrer au lycée, vit sa première relation amoureuse. Puis il y a leur mère, qui sent inexorablement son mari s’éloigner. Elle repasse le linge tout en écoutant la radio, tandis que ce matin une seule annonce occupe les ondes, celle de l’accident de voiture qui a couté la vie à la princesse Lady Diana. Tous les trois vont vivre une désillusion, et c’est là tout le talent de Quentin Zuttion, il nous balade sur toute une palette de sentiments. On est au plus près de l’intime, il y a une vraie authenticité des personnages, fragiles et touchants.
Bruno Meyerfeld est correspondant du journal Le Monde au Brésil et est franco-brésilien. En vue des élections présidentielles 2022, il décide de parler dans ce livre de l’ascension et du parcours présidentiel de Jair Bolsonaro, figure sulfureuse de la politique brésilienne. Des ministères de Brasilia, des célèbres plages de Rio de Janeiro aux gratte-ciel de São Paulo, Bruno Meyerfeld raconte la société brésilienne fracturée socialement, économiquement, très religieuse, encore hantée par le passé esclavagiste et colonial de ce pays-continent. Ce long reportage, passionnant nous fait découvrir la personnalité et la longue ascension de Jair Bolsonaro. Il permet aussi de mettre un autre regard sur un pays grand comme l’Europe. Très instructif !
Pour l’écriture de son premier roman, Anthony Passeron décide de raconter l’histoire de son oncle Désiré, qui, dans les années 1980 sera atteint par le virus du Sida. Dans l’arrière-pays niçois, c’est toute une famille qui va cacher la maladie de Désiré. On va cacher les hospitalisations, la raison pour laquelle il est malade (Désiré est héroïnomane) et mettre un voile sur cette maladie qui sera vécue comme honteuse par ce clan familial.
Avec une écriture pudique, Anthony Passeron nous conte l’histoire des siens mais aussi celle de la recherche sur le virus du Sida. En alternant les chapitres, on se replonge ou se plonge dans l’histoire des années 1980, celle où le virus était totalement inconnu et qu’une guerre se livrait entre chercheurs américains et français. Il nous confie l’histoire de Désiré avec émotion mais sans pathos, d’une écriture simple, sans fioritures ni prise de partie. Un très beau premier roman.
Un roman qui se découvre par petites touches et qui fait écho avec l’actualité. Une belle écriture au service d’une réalité violente. F. (Des livres et nous)
,
Critiques
Avis
L’auteur a beaucoup écrit sur la colonisation de l’Algérie. Il nous propose ici, un récit puissant et réaliste sur les débuts de la colonisation française en Algérie au 19e siècle. Il explique les désillusions des colons et les violences subies ou commises au nom de la domination française. À travers les voix d’une paysanne française et d’un soldat, il nous laisse entrevoir l’enfer et la barbarie. Séraphine croyait trouver l’eldorado et découvre avec sa famille une terre aride, le choléra, des conditions de vie spartiates, un climat et une faune hostiles. Le soldat enrôlé pille, viole et massacre sous prétexte de pacification et sur ordre de son capitaine. Le texte est percutant, certaines scènes sont insoutenables mais nécessaires pour comprendre et ressentir l’absurdité de cet enfer. C’est glaçant et beau à la fois !