Pour l’écriture de son premier roman, Anthony Passeron décide de raconter l’histoire de son oncle Désiré, qui, dans les années 1980 sera atteint par le virus du Sida. Dans l’arrière-pays niçois, c’est toute une famille qui va cacher la maladie de Désiré. On va cacher les hospitalisations, la raison pour laquelle il est malade (Désiré est héroïnomane) et mettre un voile sur cette maladie qui sera vécue comme honteuse par ce clan familial.
Avec une écriture pudique, Anthony Passeron nous conte l’histoire des siens mais aussi celle de la recherche sur le virus du Sida. En alternant les chapitres, on se replonge ou se plonge dans l’histoire des années 1980, celle où le virus était totalement inconnu et qu’une guerre se livrait entre chercheurs américains et français. Il nous confie l’histoire de Désiré avec émotion mais sans pathos, d’une écriture simple, sans fioritures ni prise de partie. Un très beau premier roman.
Un roman qui se découvre par petites touches et qui fait écho avec l’actualité. Une belle écriture au service d’une réalité violente. F. (Des livres et nous)
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Critiques
Avis
L’auteur a beaucoup écrit sur la colonisation de l’Algérie. Il nous propose ici, un récit puissant et réaliste sur les débuts de la colonisation française en Algérie au 19e siècle. Il explique les désillusions des colons et les violences subies ou commises au nom de la domination française. À travers les voix d’une paysanne française et d’un soldat, il nous laisse entrevoir l’enfer et la barbarie. Séraphine croyait trouver l’eldorado et découvre avec sa famille une terre aride, le choléra, des conditions de vie spartiates, un climat et une faune hostiles. Le soldat enrôlé pille, viole et massacre sous prétexte de pacification et sur ordre de son capitaine. Le texte est percutant, certaines scènes sont insoutenables mais nécessaires pour comprendre et ressentir l’absurdité de cet enfer. C’est glaçant et beau à la fois !
Dans ce récit, la romancière et chroniqueuse judiciaire Pascale Robert-Diard interroge la fragilité de la parole des victimes, et la vulnérabilité propre à l’adolescence. Alice Keridreux la cinquantaine est avocate pénaliste, un soir une jeune femme d’à peine 20 ans se présente à son cabinet. Lisa, violée alors qu’elle était adolescente, souhaite qu’Alice puisse récupérer son dossier pour la représenter. Six ans plus tôt, Marco le coupable qu’elle avait désigné a été condamné à 10 ans de prison, mais celui-ci a fait appel et un second procès va bientôt avoir lieu. L’occasion pour Lisa de dire la vérité et d’expliquer l’engrenage dramatique qui l’a poussé au mensonge. Elle souhaite qu’Alice soit la voix qui s’élève pour la défendre quand tous la jugeront et la condamneront. La petite menteuse est avant toute une sordide affaire d’adolescente en vrac, acculée, qui ne pouvait plus dire non. Un roman intense qui soulève de nombreuses questions et nous plonge dans les mécanismes des tribunaux.
À Split, en Croatie, Bruna finit de purger une peine de prison de 11 ans "des années aussi longues et plates que l'électrocardiogramme d'un mort." Les raisons qui l'ont amenée à cet endroit sont vite connues du lecteur : Bruna a empoisonné sa belle-mère. Comment cette femme intelligente mais effacée a pu commettre l'irréparable ? Nous remontons le fil des années pour la découvrir en jeune employée croisant le beau Frane, apprenti marin, lors d'une soirée. C'est le coup de foudre, suivi d'un mariage et de l’emménagement du couple au deuxième étage de la maison d'Anka, mère de Frane. Très vite le piège se referme : Frane est la plupart du temps en mer et Bruna voit ses moindres gestes épiés et commentés par sa belle-mère. Quand cette dernière est victime d'un AVC, c'est à Bruna qu'incombe la charge de s'en occuper... Plus roman noir que policier, La Femme du deuxième étage est surtout le brillant récit intimiste d'une femme qui perd pied dans l’indifférence de ses proches.