Deux photographes se proposent de parcourir la France et de documenter à la fois son architecture vernaculaire et les empreintes socio-culturelles que les bâtiments et les paysages trahissent. Ils articulent pour cela leur inventaire sur les « régions naturelles », aires aux contours flous qui ont autant à voir avec la géographie, la topographie et une certaine homogénéité culturelle. De ces nombreux clichés il ressort une réalité palpable mais fuyante, un monde quotidien auquel nous ne faisons plus guère attention et pourtant force nous est de constater que l’inattendu, le cocasse, l’étrange et le poignant nimbent volontiers les édifices en apparence les plus ternes et les paysages les plus banals. Ce remarquable travail, exposé au CCCOD et documenté sur un site internet spécialement dédié, est toujours en cours. Les volumes de cet « ARN » de la France paraissent au rythme de son avancée ; ces objets élégants et soignés magnifient encore davantage les qualités de cet inventaire à quatre mains qui constitue un excellent moyen d’exercer notre regard à capturer le merveilleux qui se niche, inaperçu mais bien présent, au sein de notre quotidien.
Ne passez pas à côté de ces volumes où l’Indre-et-Loire n’est pas oublié.
Ce livre ne peut pas faire l’objet d’un coup de cœur mais sera présenté plutôt comme un cri du cœur, un cri déchirant qui depuis trop longtemps ne rencontre que l’écho du vide… À tel point qu’aujourd’hui une centaine d’autrices et d’auteurs peuvent constituer un ouvrage de plus de 900 pages intitulés Féminicides : une histoire mondiale, pourtant loin d’être exhaustif. Soyons honnête, cette lecture n’a rien de plaisant, elle est même, par moment, parfaitement insupportable et insoutenable, mais elle est nécessaire. Nécessaire, parce que ce livre donne à voir l’ampleur du système qui depuis toujours permet aux violences sexistes de prospérer et prendre conscience de ce système c’est peut-être commencer à en sortir. Nécessaire, parce que le travail mené par Christelle Taraud et l’ensemble des contributeurs est colossal, pénible et admirable et l’on ne peut que souhaiter aux personnes qui ont écrit ce livre, qu’elles n’aient jamais besoin d’en écrire une suite. Nécessaire enfin parce qu’en 2022 en France ce sont 95 femmes qui sont mortes sous les coups d’un compagnon ou d’un ex, dans un pays qui se veut juste et égalitaire…
A 84 ans, le saxophoniste et flûtiste Charles Lloyd inaugure avec cet album une trilogie de disques en trio en compagnie de musiciens différents pour chaque enregistrement. Pour le premier de ces trios, capté en direct à la chapelle de Coates, à San Antonio, Texas, ce ne sont rien moins que le bassiste Thomas Morgan et le guitariste Bill Frisell qui lui donnent la réplique. Du jazz à la ligne claire, empreint de délicatesse, de souffle et de lyrisme. Un délice qui se prolongera à n’en pas douter avec les deux trios suivants déjà annoncés : Ocean avec le guitariste Anthony Wilson et le pianiste Gerald Clayton et Sacred Thread avec le jeune virtuose de la six cordes Julian Lage et le percussionniste indien Zakir Hussain. R. L.
Maître de la batterie, multi-instrumentiste et loufoque vidéaste, Louis Cole développe un univers musical riche, puisant dans le jazz, à la funk ou à la soul mais tout autant ouvert à la pop comme à l’électro. Autour de vingt titres polymorphes, Louis Cole propose avec ses comparses (Genevieve Artadi, Sam Gendel, Nate Wood, Marlon Mackey et Kurt Rosenwinckel) des grooves endiablés comme des mélodies introspectives. Un album qui donne donc envie de bouger et de réfléchir : c’est parfait pour passer l’hiver ! E. R.