Cinnamon et Ginger, deux sœurs orphelines, s’épaulent pour survivre au jour le jour – l’aînée officie comme guérisseuse, pour offrir ses études à la benjamine. Lorsqu’elle croise un jour la route d’Orso, un Loup blessé, leur quotidien bien rodé s’en trouvera bouleversé. Car sur leur planète à peine terraformée, l’environnement hostile a forcé les colons à se tourner vers le végétarisme. Tous, sauf les Loups, génétiquement modifiés, qui ne peuvent se passer de viande et vivent en marge, aussi craints que méprisés par le reste de la population. Agathe Roméo revisite dans son roman deux contes de fées et propose une histoire mâtinée d’une légère touche de science-fiction, ainsi que des personnages attachants, une touche de romance, et une réflexion sur l’alimentation. Une réflexion subtile, sans aucun parti pris. Une réécriture de conte intelligente et lumineuse. M. H.
Suèhl est né sans magie dans un monde où celle-ci régente tout. S’ajoute à cette honte celle d’arborer des caractéristiques animales trop marquées, dans une société d’humanoïdes, mi-humains mi-animaux, où plus les marques animales sont discrètes, plus l’on est haut casté. Ténèbres, étranger en visite, porte quant à lui le traumatisme d’un passé marqué par la violence. Lorsqu’ils se rencontrent au gré d’une mission, peut-être pourront-ils enfin tomber les barrières qu’ils ont élevées au fil de leur vie. Hors Caste mêle romance et fantasy dans un roman à l’univers aussi riche que cohérent. Pas un humain n’apparaît dans cette histoire, et pourtant les personnages sont finement construits, l’autrice jouant subtilement avec les conséquences d’une physionomie à moitié animale. Ses héros sont trentenaires, marqués par la vie et évoluent dans un univers âpre. En contrepoint de cette violence omniprésente, il y a le lien qui se tisse entre eux, offrant ainsi un bel équilibre. Avec, en filigrane, des thèmes forts tels que la tolérance. M. H.
Roche-Étoile. C’est le nom d’une cité aux origines mythiques, construite au milieu d’un lac. Sept ans plus tôt, toute la population a été éradiquée en l’espace de quelques heures, lorsque le mal d’onde a empoisonné ses eaux. L’archiviste y porte ses pas, pour comprendre ce qui a pu se passer et compléter ainsi les archives de son seigneur. Mais la cité devenue tombeau est-elle si déserte ? Que sont ces sons qui résonnent, au cœur de la nuit ? L’archiviste, en tentant de percer les secrets de Roche-Étoile, risque bien de contempler des eaux plus noires encore que celles du lac... Artiste plasticienne, Anouck Faure livre ici son premier roman et révèle une maîtrise de la plume égale à celle des autres outils dont elle use habituellement. Parfait mélange de fantasy gothique et de dark fantasy, La Cité Diaphane nous entraîne à la suite de l’archiviste, dans une ville à l’architecture aussi grandiose et tarabiscotée qu’une cathédrale. Au fil des pages, les masques se fissurent et les secrets se dévoilent peu à peu, révélant toute l’horreur de la vérité, dans une descente aux Enfers que n’aurait pas renié Dante. Pour un premier roman, c’est brillant ! M.H.
Lila, une jeune femme de 30 ans, se réveille en pleine nuit. Son mari Maxime et leur bébé de 4 mois, Zélie, ne sont pas rentrés de la pendaison de crémaillère d’un collègue. Elle laisse des dizaines de messages sur le répondeur de Maxime, sans qu’il ne rappelle. Au matin elle décide de se rendre au poste de police pour signaler leur disparition. Commence alors une longue attente pleine d’angoisses et une enquête de police difficile. Sous le vernis du couple parfait on décèle les craquelures. Un roman éprouvant qui commence par une affaire somme toute banale pour la police mais qui prend vite un tour inquiétant. Ce livre illustre parfaitement l’adage selon lequel on ne sait pas ce qui se passe chez les gens une fois la porte du foyer refermée. G.L.G.